Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lettres de Bon-Papa
6 août 2011

Metz, 21 juillet 1939

Ma petite Renette chérie,

Pour commencer, une bien triste nouvelle aujourd’hui. Boisanger a dû rentrer hier soir, je crois, à Metz. Ce matin, il a téléphoné qu’il se sentait fatigué, et qu’il n’irait pas au bureau. A onze heures, dans des conditions qu’il sera très difficile de connaître, il est tombé dans la rue de sa fenêtre. On l’a immédiatement transporté à l’hôpital Legouest où l’on a constaté une « fracture profonde du crâne ». Je ne sais si on a même l’espoir de l’en tirer, mais il est certain qu’une chute du troisième étage vous laisse bien peu de chances de survie. Il était seul dans son appartement. Peut-être a-t-il voulu ouvrir un volet et a-t-il glissé. Peut-être, se sentant plus fatigué, a-t-il voulu appeler en se penchant par la fenêtre. Il est probable qu’on en saura jamais rien. On a dû télégraphier à Madame de Boisanger immédiatement, mais il n’est pas sûr qu’elle ait encore reçu le télégramme à l’heure actuelle. Si elle l’a, elle pourra être à Metz demain matin à cinq heures ; sans cela, ce sera beaucoup plus tard. On ignore si Mademoiselle de Boisanger est à Joeuf ou en Bretagne. Si bien que ce pauvre Boisanger risque fort de disparaître sans que personne de sa famille n’ait pu le revoir. On a téléphoné la nouvelle à la Place un peu avant midi. Madame de Saxcé est venue le dire à Charpentier qui m’en a prévenu aussitôt. Je suis descendu chez les Saxcé après le déjeuner, et je n’ai plus maintenant que quelques minutes avant de partir à l’Etat Major.

Hier soir, je suis allé chez les Perrin, où j’ai retrouvé les Fontant et Caillies. Très bon dîner, tout s’est très bien passé. Les Perrin passeront par Saint-Amour soit tout à fait fin juillet, soit plus vraisemblablement au début d’août, à moins que les permissions ne soient supprimées. Dis-moi la date de ton départ de Chauvigny pour que je puisse les prévenir.

Les Fontant déménagent actuellement et sont installés comme ils le peuvent ; ils ont certainement beaucoup à faire tous ces jours-ci. Je regrette de ne pouvoir les recevoir, mais vraiment, ce ne serait pas bien pratique.

Je te quitte, ma petite Renette chérie, en t’embrassant bien bien tendrement et de tout cœur.

Publicité
Publicité
Commentaires
Lettres de Bon-Papa
Publicité
Publicité