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Lettres de Bon-Papa
29 décembre 2012

Metz, 9 août 1939

Ma petite Renette chérie,

J’ai eu dans ta lettre de ce matin le stock de photographies que tu m’as envoyées. Elles ne sont pas jolies jolies en général, mais elles me font plaisir tout de même. Il faudrait pouvoir en composer une seule avec les huit en prenant ce qu’il y a de bien dans chacune. En général, c’est Marie-Odile la mieux réussie. On peut lui dire qu’elle est photogénique, à son âge ça n’a aucune importance ; plus tard, ce pourrait être plus grave. Tu m’as demandé de t’envoyer le programme des examens oraux de Will. Je ne le fais pas avec cette lettre, car je ne l’ai pas trouvé. Je le rechercherai plus à fond. Je ne suis pas sûr du tout de l’avoir, et il me semblait bien lui avoir écrit ce qu’il devait passer. Il n’y a pas de papier qui traîne en ce moment, et c’est pour cela que je suis étonné de ne pas le trouver s’il est ici. Il est vrai que Charpentier s’obstine toujours à tout mettre sens dessus dessous pour faire une belle pile, ce qui empêche de trouver quoi que ce soit sans tout déranger.

Ce soir l’école de Poitiers doit arriver ici, je me demande si Delmotte y sera. Je serais bien content de le voir, mais l’école ne fait guère que passer la nuit.

Au point de vue général, la situation semble s’améliorer un peu ces jours-ci. Ce n’est pas bien brillant encore. Au point de vue militaire, la situation a été et est encore beaucoup plus mauvaise qu’elle ne l’a jamais été l’année dernière. Alors qu’en 1938, on pouvait dire que les Allemands ne voulaient pas la guerre, cette année les préparatifs faits ont été tels que l’on ne pouvait répéter la même chose. J’ai l’impression que cela se calme, et qu’il y a eu des contre ordres donnés au dernier moment, car normalement, à l’heure actuelle, les hostilités pourraient être commencées. Certains mouvements prévus n’ont pas eu lieu, et tout est resté calme. Ce qui était le plus curieux, c’était de voir la quiétude absolument injustifiée de la presse, alors que depuis quelque temps, on pouvait se demander chaque matin si un incident très grave ne surgirait pas dans la journée, emportant tout ce beau calme. Il faut encore gagner quelques jours, ou peut-être quelques semaines pour être tranquille. Mais j’ai l’impression que cela va beaucoup mieux que lorsque tu es partie de Metz par exemple. Cela n’empêche pas que si la tension diplomatique était en harmonie avec la tension militaire, celle de septembre dernier paraîtrait encore insignifiante. Il n’y aurait pas à s’affoler du tout si la situation semblait s’empirer. Ce ne serait peut-être que pour masquer le recul qui semble s’ébaucher actuellement.

Je te quitte, ma petite Renette chérie, en t’embrassant bien bien tendrement et de tout cœur.

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