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Lettres de Bon-Papa
29 décembre 2012

Metz, 16 août 1939

Ma petite Renette chérie,

Me voici de nouveau à Metz, je ne dirai pas après un bon voyage, car un voyage qui m’éloigne de toi ne peut pas être un bon voyage, mais après un voyage fait dans de bonnes conditions. Peu de monde dans le train jusqu’à Dijon et depuis Dijon les compartiments pleins ou à peu près. J’avais une place assise, aussi je n’avais pas à m’inquiéter, mais le train ne s’étant formé que cinq minutes avant le départ, ç’avait été la bousculade pour se placer.

Je n’ai trouvé en arrivant que deux papiers qui me demandaient de passer à l’Etat-Major dans la journée (d’hier) et le plus vite possible. Il était temps que je rentre. Survols d’avions allemands trop haut pour la DCA et contre lesquels on n’a rien pu faire, les aviateurs français ayant décrété que le 15 août était férié ! Du reste avec les avions dont on disposait et qui arrivent tout juste (et ce n’est même pas sûr) à la moitié de la vitesse des avions allemands, cela valait presque autant : on n’a pas été ridicule. Evacuation de la zone frontière par les civils allemands. Grave incident de frontière hier soir (un douanier assommé par des militaires allemands en tenue à 200 mètres à l’intérieur du territoire français)… rien n’a manqué et ça peut continuer ces jours-ci. La situation est beaucoup plus mauvaise qu’en septembre dernier où nous avions pris des précautions… alors que l’on savait très bien qu’au point de vue militaire il ne pouvait rien y avoir ici. Il n’y a pas encore gros danger mais il ne faudrait pas que cela continue longtemps sans que nous fassions quelque chose car alors les allemands seraient en état d’enlever comme ils le voudraient toutes nos fortifications avant que nous n’ayons pu les occuper. Tout le monde s’est affolé un peu hier… alors que depuis six semaines ce sont tous les jours des nouvelles du même genre. C’est très joli d’avoir comme consigne de ronfler et de ne rien voir ni ne rien faire mais cela peut amener à des surprises désagréables. Tout cela n’est certainement pas bien gai. Enfin dans huit jours nous serons fixés je pense.

Je te quitte, ma petite Renette chérie, en te prenant tout contre moi et en t’embrassant bien tendrement et de tout cœur.

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