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Lettres de Bon-Papa
29 décembre 2012

Metz, 17 août 1939

Ma petite Renette chérie,

Voici une journée un peu moins bousculée qu’hier car il n’y a pas eu d’incident de frontière au moins ce matin. Pour celui du 15 août, on semble vouloir minimiser les choses dans les journaux en racontant des choses manifestement fausses. On décharge presque les Allemands de toute responsabilité et ils en avaient une si grosse que j’ai pu donner comme conseil à la garde mobile, si pareil fait se reproduisait, de tirer immédiatement et d’en descendre un ou deux. Mais c’est toujours la même chose. En France beaucoup de gens prétendent haïr les Allemands – sans les connaître du reste – et ne veulent rien faire qui puisse les gêner. A contraire ils sont tout prêts à s’humilier devant eux. On a vu dans l’histoire bien des guerres se déclencher pour un incident moins grave que celui que nous avons eu. J en veux pas dire qu’il aurait fallu déclarer la guerre, bien loin de là, mais on devrait avoir un peu de fierté nationale et savoir se faire respecter. Il faudrait au moins demander des excuses officielles et solennelles sur place et non à Paris. Au lieu de cela on se contentera de vagues excuses faites par écrit à Paris, c’est-à-dire de rien du tout, et les Allemands seront tout prêts à recommencer.

A Paris on se bouche les yeux pour ne rien voir, la consigne est de ronfler et cependant les indices graves se multiplient devant nous. Nous aurons presque certainement une crise très grave d’ici la fin du mois et on ne fait rien pour l’éviter. Ce n’est pas notre politique d’autruche qui nous servira, bien au contraire, car cette apathie ne sert que d’encouragement pour les Allemands.

Enfin il vaut mieux penser à autre chose. Il fait très beau tous ces jours-ci, aujourd’hui il y a un peu de nuages ; peut-être votre promenade à Givors en aura-t-elle été favorisée par un peu moins de chaleur, ce serait à souhaiter.

Tu peux dire à Ricou que Metz à battu Prague par 5 à 0 ; les journaux d’ici sont enchantés car Strasbourg et Prague avaient fait match nul deux jours avant.

Je te transmets une lettre des Estrangin arrivée ce matin. Grasse est bien loin ! Même de Saint-Amour… et d’ici le mariage ! …

Je te quitte, ma petite Renette chérie, en te prenant tout contre moi et en t’embrassant bien tendrement et de tout cœur.

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